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Comme souvent chez Too Soon Tapes, cette cassette contient l’histoire de morceaux composés il y a longtemps qui reposaient jusque-là dans des disques durs. Sans l’intervention d’Enir Da, avec qui il joue inlassablement pendant leurs années berlinoises, la musique de Kenuwefa ne serait jamais arrivée jusqu’ici. Cet album aurait pu prendre toute forme de directions et s’est stabilisé dans celle-ci, un concentré d’instants, comme des pages qui se tournent, comme des morceaux de mémoire qui s’égrènent.
Il fait partie de ces albums difficiles à catégoriser mais dont l’exercice permet de toucher à ce qui fait son pouvoir de fascination. Kenuwefa s’inscrit dans la lignée des groupes qui ont articulé la musique électronique avec une dimension orchestrale inspirée du jazz et du blues. Alors que la musique de groupes comme The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble ou Hidden Orchestra a un aspect électrique et binaire, portée sur la batterie, celle de Kenuwefa évolue du côté liquide. Son armature est minimale, faite de syncopes et de remous, qui renvoient directement aux courants anglais héritiers de la jungle. La cohérence tient au contraste, entre l’épaisseur des instrumentations, samples de voix et ornements délicats de guitare, et la sobriété de la structure, un dub fluide et primitif dont la répétition brouille les repères.
Chez Kenuwefa, l’esthétique de la transe associe des influences extra-occidentales avec une tonalité feutrée et organique. Entre ellipses et vignettes de récits, les morceaux de Kenuwefa sont des capsules mélodiques qui ouvrent sur des mondes luxuriants relatant une histoire sans mots, que seul les sens éprouvent.
Music by Kenuwefa
Mastering by Aaron Méan
Artwork by Paskine & Kenuwefa
Design by Paskine
